Le Bulletin de la Banque de France n°246 : Article 5 Flux d’investissements directs étrangers en Asie du Sud-Est : une région entre Chine et États-Unis

Depuis 2018, les pays réunis au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) recueillent plus de 10 % des flux d’investissements directs dans le monde. Cette région a en effet largement tiré parti de la mondialisation des chaînes de valeur concomitante au basculement du centre de gravité de l’économie mondiale vers l’Asie-Pacifique. Les États-Unis demeurent le principal pays investisseur dans la zone avec 19 % de l’encours du stock d’investissements directs étrangers (IDE) en ASEAN, contre seulement 3 % pour la Chine (8 % avec Hong Kong). Cependant les investissements chinois accélèrent : en 2021, la Chine représentait 8 % des flux d’IDE (13 % avec Hong Kong), contre 23 % des flux totaux pour les États-Unis selon les données de balance des paiements de l’ASEAN.

La région ASEAN a largement tiré parti de la mondialisation des chaînes de valeur et concentre désormais plus de 10 % des investissements directs étrangers (IDE) mondiaux depuis 2018.

Ce mouvement reflète le basculement du centre de gravité de l’économie mondiale vers l’Asie Pacifique avec l’essor de la Chine et une dynamique interne propre à la zone qui devrait s’amplifier dans les années à venir. Cela est d’autant plus remarquable que les pays de la région présentent des caractéristiques hétérogènes en matière de développement économique, de régime juridique et de stabilité politique.

1 L’intégration commerciale des pays de l’ASEAN a précédé l’essor des IDE

Le succès économique des pays de l’ASEAN repose sur la capacité de ces pays à s’intégrer dans les chaînes de production mondiales et à attirer les flux d’investissements directs. Dès 1992, les pays de l’ASEAN ont signé un accord de libre-échange (AFTA, ASEAN Free Trade Area) qui réunit d’abord six membres (Brunei, Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour et Thaïlande), avant de s’élargir progressivement au Vietnam (1995), au Laos et au Myanmar (ex. Birmanie) (1997), et au Cambodge (1999). Cet accord de libre-échange entre les pays de l’ASEAN a été complété par des accords bilatéraux et multilatéraux avec d’autres pays partenaires (Chine, Japon, Corée du Sud, Inde, Australie, Nouvelle-Zélande, et Taïwan), lesquels ont fini par déboucher sur la mise en place d’un partenariat économique régional global (RCEP, Regional Comprehensive Economic Partnership), entré en vigueur le 1er janvier 2022. Cet accord encourage les investissements directs et s’appuie largement sur les dispositions prévalant déjà au sein de l’ASEAN, mais sans être aussi exhaustif que le CPTPP (Comprehensive and Progressive Agreement for Trans Pacific Partnership).

L’ASEAN compte l’un des nombres les plus élevés d’accords internationaux d’investissement contractés par chacun des pays membres : en avril 2021, les États membres de l’ASEAN avaient signé 221 traités comportant des dispositions relatives à l’investissement dans le cadre d’accords de libre-échange (ALE) et 287 traités bilatéraux d’investissement avec des États non membres de l’ASEAN, ce qui traduit la ferme volonté des États membres d’attirer les IDE et de renforcer les relations d’investissement avec les économies partenaires. Pour continuer à attirer des IDE et stimuler l’intégration commerciale, les pays de l’ASEAN doivent agir de concert afin de maintenir un environnement favorable aux investisseurs étrangers. Cependant, ces pays offrent une grande hétérogénéité au regard du cadre politique, institutionnel et réglementaire. La réduction…
 

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Le Bulletin de la Banque de France n°246 : Flux d’investissements directs étrangers en Asie du Sud-Est : une région entre Chine et États-Unis
  • Publié le 23/06/2023
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Économie et financements internationaux

Mis à jour le : 23/06/2023 12:17